Charente  — 3ème Jour : mercredi 21 mai 2014
 

Visite de l'ancienne Abbaye de Saint-Amant de Boixe.

— 10h00 — L'Abbaye de St-Amant de Boixe.
Son histoire commence au VIè siècle lorsque l'ermite Amant, disciple de St Cybard, se retire dans la forêt de Boixe. A sa mort, quelques disciples forment une première communauté qui se développera pour devenir vers 1025, grâce à Guillaume IV Taillefer, un important centre monastique avec son église abbatiale et ses bâtiments conventuels.

En 1170, une campagne de travaux, entreprise par l'abbé Guillaume, verra la consécration de l'abbatiale. Malheureusement, au XIIIè siècle un gigantesque incendie ravage le cloître et le choeur de l'église. Les bâtiments seront reconstruits et l'abbaye continuera à prospérer jusqu'au XIVè siècle

Ruinée par la Guerre de Cent Ans, vandalisée par les Guerres de Religions, la communauté religieuse de l'abbaye qui comptait une quarantaine de moines se réduit considérablement au fil des temps.

Après le décès du dernier moine l'abbé François Hériard (apparenté à la famille Cointreau) en 1793, les bâtiments conventuels sont vendus à des particuliers.

Un siècle passera pour que d'ambitieux travaux de restauration soient réalisés. L'église sera classée aux Monuments Historiques, puis le cloître et les bâtiments abbatiaux. Ces derniers seront rachetés par la Commune de St Amant de Boixe pour y aménager en 2008 un espace consacré à l'histoire de l'abbaye et un centre d'interprétation de l'architecture romane.

Nous remercions Anaël Vignet, archéologue responsable du site, passionné d'histoire romane et passionnant par ses connaissances infinies sur l'abbaye où la règle stricte des bénédictins
"Ora Et Labora" (prière et travail) ponctuait la vie monacale.

Déjeuner au restaurant "Le Taillefer" à Montignac.

— 12h00 — Situé sur la grande place du village. Les patrons originaires de Nancy nous réservent un accueil chaleureux.

La déco de la salle où nous déjeunons est moderne mais reste cependant cosy. La cuisine à base de produits frais est délicieuse et copieuse.

Visite du Moulin à papier du Verger à Puymoyen.

— 15h00 — Les prévisions de Météo France (averses abondantes, orages) dépassèrent l'imagination.
Monsieur Navarot nous trace l'historique du moulin bâti dans la vallée des Eaux-Claires en 1537.
La maison d'habitation, les étendoirs ont été reconstruits en 1645. (une méchante averse nous oblige à nous réfugier dans l'entrepôt de lin où l'on ne voit goutte).

Le moulin à papier du Verger connaît une activité intense après la dernière Guerre Mondiale : Roger Hémon, compagnon de la Communauté de l'Arche succède à Henri Lacombe, maître papetier d'Angoulême. 

Le moulin devient un lieu mondialement connu. Les papiers de luxe fabriqués à partir de chiffons de lin sont destinés aux éditeurs d'art de Paris, de la Hollande, la Belgique, l'Allemagne, la Suisse. La production est de 100 feuilles 65x50/jour. Malheusement M. Hémon disparaît en 1966 et ce n'est qu'en 1972 que deux charentais : Catherine et Jacques Bréjoux rachètent le moulin à sa veuve. Leur production du papier de luxe s'étend alors à l'impression de gravures anciennes et modernes.

Une accalmie nous permet de descendre aux ateliers de fabrication où se trouvent des piles à maillets, une pile hollandaise à cylindre, des cuves de décantation qui sont loin de posséder les normes règlementaires de l'inspection du travail.

Comment fabrique-t-on un papier de lin ?

Après le délissage des draps de lin, le défilage dans une pile, la pâte obtenue est brassée dans une cuve remplie d'eau puis (démonstration) récupérée dans un tamis. Après égouttage la feuille obtenue est déposée sur un feutre, recouverte d'un second feutre qui reçoit la feuille suivante et ainsi de suite. On obtient une main de papier qui sera mise sous presse.

Les feuilles découchées des feutres seront montées à l'étendoir, prochaine étape de notre visite.
Nous hésitons à nous aventurer sur les marches transformées en cascade et nous attendons sagement que l'orage passe.
Parvenus au premier étage, nous constatons que la structure en bois de l'étendoir permet une aération naturelle tant par les côtés que par le sol.

En souvenir de cette visite nous avons la possibilité d'acheter des gravures anciennes et modernes sur papier de lin ; ce qui fut fait.

Ce moulin est devenu depuis des années un véritable musée de la papeterie ancienne qui attire bon nombre de curieux, ravis de pouvoir assister à quelques-une des opérations de fabrication.

— 18h45 — Rapide briefing du lendemain. René, ravi d'avoir pu être véhiculé au cours de cette journée, offre le traditionnel Pineau des Charentes pour nous mettre en appétit, toujours suivi d'un délicieux repas.