Oui, jʼaime lʼîle de Noirmoutier, et en particulier la Guériniére.
La première fois que jʼai mis le pied sur lʼîle, voici plus de 60 ans, un moulin tournait encore. Le temps des moulins moulant, virant, faisant de la farine commençait à être loin.
Notre location était une vraie maison de poupée aux murs repeints à la chaux, aux volets bleus, mais hélas sans confort : petites fenêtres, loupiotes faiblardes, un évier en grès, un puits à lʼeau saumâtre et des toilettes dehors.
Dépaysement complet ?
Très vite jʼai compris pourquoi de nombreux peintres et écrivains ont su rendre la richesse de tous ces lieux.
Quelle luminosité ! Quelles différences avec les brumes qui planent sur la région parisienne.
Marais, bois, mer, cʼest une explosion de couleurs : du pastel aux plus délicates nuances de lʼarc en ciel.
Toute cette nouvelle vie mʼa laissé des souvenirs immuables, pour moi ce coin était le paradis.
Peu à peu nous avons connu marins et sauniers, fiers et simples, laborieux, intelligents, toujours gais. Les premières années, il y avait encore la
commune libre du Gabion. Henri Martin disait que « cʼétait le petit Marseille », le fief des conteurs de mensonges. Certaines femmes portaient ces jolies coiffes, si seyantes, la quichenotte.
Au fil des saisons, lʼîle nous invite à déguster la Bonnote nourrie dʼalgues charroyées à lʼautomne. Une starlette à qui on nʼhésite pas à faire sa fête et qui attire près de 1 000 amateurs tous les mois de Mai. Cʼest convivial et joyeux : îliens et estivants s'y retrouvent.
Les huitres et les petites moules de bouchot sont succulentes. Les palourdes, les poissons bien frais régalent tous les amis.
Tous ces plats simples dégustés avec le beurre salé de Noirmoutier, ou assaisonnés de Fleur de Sel, font la renommée de lʼîle et sont présents sur toutes les tables. Tables décorées avec les mimosas qui embaument le Bois de la Chaise et attirent tous les curieux.
Ce que jʼapprécie aussi, cʼest flâner dans ces vielles petites rues étroites, pour découvrir tous ces noms qui rappellent un passé mystérieux et me font rêver. Venelle des Loups Garous, Pointe du Devin, Rue des Lutins, Chemin des Fées, Impasse de la Lande dʼEnfer, Chemin des Ebraillards, Allée des Désirs, Allée des Soupirs, les Encharlubins.
Ce que jʼapprécie aussi cʼest la plage familiale de la Guériniére exposée plein sud. Lorsque la mer remonte sur le sable chaud, tiédie par les rayons du soleil, se baigner est alors un délice.
A présents, enfants et petits enfants, arrières petits enfants, au moment des congés, reviennent le plus rapidement possible pour profiter de ces paysages superbes et entasser comme moi une multitude de souvenirs.
Les années ont passé, la Guériniére appelée aussi "le Pays des Capitaines" sʼest aussi bien transformée, mais pour moi ce sera toujours lʼancien petit village aux maisons blanches et aux volets bleus de lʼIle de Noirmoutier.
Simone Crestey