Elles sont un chapelet, ses grains sont souvenirs
lorsque succède au jour le calme de la nuit,
quand enfin libéré des contraintes d'agir
le corps qui se repose laisse s'évader l'esprit.
C'est alors qu'elles reviennent au gré de la pensée,
brume surgie du temps comme un rêve éveillé,
mes îles.
Images qui s'animent imprévisible danse,
revivant le passé, sans ordre, ni raison.
Paris surgit des brumes de la petite enfance,
la guerre et la Vendée pour juste deux saisons.
Puis la verte vallée, sur les hauts de Royat
où la fontaine coule tout près de la maison.
La grande liberté et presque sans école, la joie
qui ignore à cet âge le poids de l'occupant.
Et de nouveau Paris. Il faut chercher sa voie
et des années perdues en rattraper le temps.
Et puis passent les jours, les mois et les années.
De collège en lycées, jusqu'au choix du métier
et au hasard d'un soir, la rencontre, ce ne peut être qu'elle.
Avec qui s'en aller dans la joie partagée vers une île nouvelle
qui entre Vosges et Rhin font s'enlacer et se tracer nos routes.
Se nourrissant, des joies des bonheurs et hélas des doutes
qui feront par raison dans un coin de marais se refermer la boucle,
mes îles.
Elles disparaissent toutes lorsque tout doucement s'annonce le sommeil.
Une seule résiste, douceur qui persiste dans un reste de veille,
ancrée dans ma pensée, intimement liée par de longues années.
Mon port, mon abri qui depuis si longtemps s'endort à mes côtés.
La seule, l'unique, tout simplement ma vie.
Elle, mon île.
André Vrignaud