Gabriel
devenait de plus en plus intrigué ; il se passait des choses étranges
ici, et en y réfléchissant bien, cela avait commencé
dès leur installation à l’hôtel…
Bien que long et fatigant, le voyage avait été
sans histoire. La dernière étape à bord d’un petit
avion de tourisme avait même été fort excitante. A
leur arrivée sur le minuscule aérodrome, ils avaient été
accueillis par une charmante hôtesse en costume local qui les avait
conduit jusqu’à leur logis, un coquet bungalow niché dans
la verdure.
Elles avaient été longuement préparées,
ces vacances en amoureux. Au tout début, quand Évelyne lui
avait suggéré de passer une semaine à “Lytou”, une
île perdue à l’autre bout de la planète, Gabriel avait
aussitôt plongé dans ses ouvrages de géographie, atlas,
encyclopédies, guides et autres sites Internet. Il en était
ressorti avec bien peu d’informations sur cette mystérieuse île
Lytou ; pas vraiment un haut lieu touristique !
En fait, Évelyne tenait l’information d’une amie
de sa mère qui avait entendu quelqu’un parler de cette île
en des termes particulièrement élogieux. Un paradis pour
les amoureux assurait-elle, trop peu connu pour attirer la foule des touristes,
financièrement abordable et un climat d’une douceur exceptionnelle
toute l’année.
Après de longues semaines passées dans
la grisaille de la ville, avec les trajets journaliers dans des trains
bondés, le stress du bureau, leur appartement au neuvième
étage, les voisins… Évelyne et Gabriel avaient décidé
de se payer des vacances au soleil et surtout, de s’offrir le grand calme
dans une nature apaisante.
Le plus difficile avait été de trouver
une agence de voyage qui accepte ou plutôt, qui sache les aider
à organiser un séjour dans cette île peu connue. Enfin,
après moult courriers et appels téléphoniques, ils
avaient leurs billets d’avion et un avis de réservation dans le
seul hôtel de Lytou : “La Maison Katouly”.
Ils avaient choisi de voyager léger, n’emportant
seulement que deux sacs de voyage. De toute façon, avec le climat
attendu sur l’île, il n’était pas nécessaire de s’encombrer
de vêtements superflus. Le programme de leur séjour
se résumait en deux mots : soleil et farniente.
Un rapide brin de toilette, des grains de raisin noir
picorés dans une grande corbeille de fruits et quelques instants
plus tard, nos deux voyageurs, en tenue de circonstance (tee-shirt, bermuda
et sandalettes), se présentèrent au bâtiment principal
de l’hôtel pour le déjeuner. Leur dernier repas était
déjà loin ; le service ayant été réduit
au strict minimum à la fin du voyage, leur estomac se manifestait
avec de plus en plus d’insistance.
Bien que n’ayant rien à voir avec la fête
d’arrivée des grands clubs de vacances, le cérémonial
de l’accueil fut bien sympathique. Arrivé pile en même temps
qu’eux sous le vaste porche de l’entrée, un type très grand
et très bronzé se présenta comme leur hôte
“Tomua”. Il présenta ensuite la douzaine de personnes présentes
autour de lui. Sa femme “Takima”, la patronne de l’hôtel. Sa fille
“Malika” qui les avait accueillis à la descente d’avion et ses deux
fils “Koénao” et “Koanéo” travaillant aux cuisines. Son
cousin “Trimaru”, presque aussi grand que lui, assurait le rôle
d’homme à tout faire. Deux autres cousines d’un certain age complétaient
la liste du personnel de l’hôtel.
Du côté des clients, bien que Tomua affirma
avoir un établissement très réputé, pas grand-monde
! Un petit moustachu, renfrogné et sans age, assis avec un journal
vieux d’une semaine. Un couple habillé comme des retraités
américains et une blonde seule sirotant déjà son
cocktail. Avec les nouveaux arrivants, le nombre de clients s’élevait
à six et la moyenne d’age chutait sensiblement.
Gabriel nota avec satisfaction qu’avec si peu de clients,
ils devraient être particulièrement chouchoutés par
la famille Katouly durant leur séjour.
De son côté, Évelyne observait la
tenue vestimentaire des personnes présentes, surtout des Katouly.
Apparemment, le costume local consistait en une longue chemise de couleur
vive portée sur un pantalon de style corsaire dans les mêmes
tons. Une sorte de bonnet phrygien et des tongs complétaient la
tenue. Les bonnets l’intriguaient, ils paraissaient assez lourds et semblaient
tissés avec des fils de laine et de métal mélangés.
D’ailleurs, on voyait des reflets métalliques argentés sous
les rayons du soleil.
Le cocktail de bienvenue était servi dans de
grands verres bariolés, si bien qu’on ne voyait pas clairement
la couleur du breuvage contenu. Par la suite, Gabriel et Évelyne
se disputèrent sur sa composition exacte ; un simple cocktail de
jus de fruits sans alcool, disait Gabriel, alors qu’Évelyne était
sûre qu’il y avait autre chose que des fruits, sans parvenir à
dire quoi. En tout cas, c’était très bon et les nouveaux
arrivants acceptèrent une deuxième rasade avec plaisir.
L’essentiel de la conversation fut assuré par
Tomua qui s’avéra être un redoutable bavard. Par contre,
sa femme Takima ne prononça que les quelques mots nécessaires
à son rôle d’hôtesse. Les autres clients restèrent
discrets, voire distants et manifestèrent vite leur impatience
de voir servir le repas, retardé par cette cérémonie
d’accueil.
Et c’est ensuite que tout a commencé…
....
ENCORE DES GOGOS, ON AVAIT BIEN BESOIN DE ÇA !
Devant son assiette, Gabriel sursauta, « quoi ? »
— Évelyne, tu as entendu ?
— Oui bien sûr. Un instant, j’ai cru que c’était toi
!
Aucun des quatre autres convives, occupés à
mastiquer leur entrée de crudités, ne semblait concerné.
Pourtant, ils n’avaient pas rêvé, quelqu’un venait de faire
un commentaire désobligeant à leur égard.
....
ET LA FILLE, AVEC SON GROS DERRIERE ET SON CHIGNON RIDICULE… ENCORE PLUS
MOCHE QUE CELLE DU MOIS DERNIER !
Évelyne vira au rouge ; son chignon n’était
pas ridicule et elle n’était pas moche du tout ! Elle se leva brutalement,
faisant face à la table du petit vieux moustachu d’où, lui
semblait-t-il, provenait la dernière remarque. La bouche encore
pleine, le moustachu leva les yeux vers elle, la fixa un moment sans expression
et replongea sa fourchette dans son assiette de concombres.
Décontenancée, Évelyne se rassit
« Je ne suis pas folle ! Quelqu’un, ici, m’a bien insultée.
» D’un simple coup d’œil, Gabriel lui fit comprendre qu’il avait
aussi entendu mais qu’il n’avait pas vu qui les accueillait de la sorte.
Des grincheux ou des mauvais coucheurs on en trouve partout hélas,
même en vacances !
Le repas se poursuivit en silence. Gabriel et Évelyne
ne cessaient de jeter des regards furtifs vers les autres tables, toutes
aussi silencieuses. Jusqu’au dessert, où…
....
ILS S’EMPIFFRENT COMME DES GORETS… IL N’Y A DEJA PLUS DE BANANES AU RHUM
!
.... GEORGES, ARRETEZ CELA, S’IL VOUS PLAIT !
Aussitôt, petites cuillères dressées,
tous les regards convergèrent vers le moustachu et la fausse blonde
assise à la table voisine. Cette dernière peinait à
garder son sérieux devant la mine ahurie des deux tourtereaux.
Finalement, elle saisit son sac et son bonnet — du même style
que ceux de la famille Katouly — et quitta la salle avec un vague
signe de la main. Le moustachu, qui apparemment se prénommait Georges,
ne parut pas le moins du monde affecté et se mis à siroter
tranquillement le café que Malika venait de lui apporter.
Puis, le couple de retraités, après avoir
réclamé « an italian coffee, please ! »,
alla s’installer sur la terrasse avec chacun, une pile de magazines sous
le bras, passant tout près d’Évelyne et de Gabriel comme
si ces derniers étaient totalement transparents.
— Eh bien, question contact avec les autres clients de l’hôtel,
ce n’est pas gagné ! remarqua Gabriel.
— Nous qui voulions du calme, on est servi ! lui répondit
Évelyne
Renonçant provisoirement à élucider
les raisons de l’incident du déjeuner, ils repartirent vers leur
bungalow prendre un peu de repos avant de songer à partir à
la découverte des environs.
L’aménagement du bungalow était rustique
mais fonctionnel. Une salle d’eau spacieuse, un large lit, une table et
deux chaises. Un vieux téléviseur trônait sur une
commode devant un fauteuil en bambou. Machinalement, Gabriel chercha la
télécommande des yeux. « Bah, cette télé
est sans doute là pour faire moderne. Je parierais qu’il n’existe
même pas d’émission de télévision dans ce coin
perdu » se dit-il.
Un “toc toc” à la porte le fit sursauter, c’était
Trimaru, le cousin, qui leur apportait la télécommande du
téléviseur avec un large sourire. Il expliqua à Gabriel
que l’hôtel disposait depuis peu d’une antenne satellite juchée
sur le toit des cuisines.
La sieste leur fut bénéfique. Évelyne
qui avait mal au dos avec la fatigue du voyage, se sentait maintenant
beaucoup mieux et ils entreprirent de faire le tour des installations
de l’hôtel.
D’après ce qu’ils avaient entrevu depuis l’avion,
la Maison Katouli était située en périphérie
du village de Lytou placé au centre de l’île du même
nom. Rochers d’un côté, plages de sable blanc de l’autre,
il fallait moins de dix minutes pour arriver et patauger au bord de l’océan.
L’hôtel était composé de petites bâtisses blanches
dispersées au milieu des palmiers, cocotiers et autres plantes
exotiques.
Avant de se diriger vers la plage, ils décidèrent
de passer au bureau de l’hôtel pour se renseigner sur les activités
ou animations proposées à Lytou. Takima, leur hôtesse,
les y attendait avec son sourire tranquille. Anticipant leurs questions,
elle leur expliqua en un minimum de mots, qu’à part la fête
annuelle qui avait eu lieu le mois précédent, la plage constituait
la principale attraction de l’île et les clients appréciaient
beaucoup son calme reposant.
— C’est vrai que c’est calme, remarqua Gabriel, de nouveau
sous les grands arbres. Pas particulièrement silencieux, mais le
vent, les oiseaux, et le ressac de l’océan plus loin, formaient
un fond sonore agréable et relaxant.
En chemin, ils croisèrent les deux cousines Katouly
qui leur adressèrent un petit salut.
— Bonne promenade ! Je vois que votre dos va mieux, dit
l’une d’elles.
— Oui, merci ! répondit Évelyne tout en se
demandant comment diable était-elle au courant de son problème
de dos ?
Les cris d’oiseaux furent couverts par le bruit des
vagues quand ils arrivèrent sur la plage de sable fin, chauffée
par le soleil. Un vrai décor de carte postale !
Allongée sur le sable, partiellement à
l’ombre d’un palmier, Évelyne repensa à l’épisode
du déjeuner. L’insulte lui restait sur le cœur.
....
JE SUIS SURE QUE C’EST CE VIEUX MOUSTACHU QUI M’A TRAITEE DE GROS DERRIERE…
UN SALE GOUJAT…
.... C’EST VRAI QU’ELLE A UN BON DERRIERE… MAIS IL ME PLAIT BIEN A MOI
!
— Ah non ! chéri, pas toi !
Évelyne se renfrogna, Gabriel était d’un
naturel gaffeur, mais là, il exagérait. Ce dernier, allongé
un peu plus loin au soleil, ouvrit les yeux un instant vers sa moitié,
l’air interrogateur, puis repartit dans ses pensées. Je commence
à avoir soif, se dit-il, un Perrier citron serait le bienvenu.
Quelques minutes plus tard, Malika s’approchait d’eux
avec un plateau de boissons rafraîchissantes : Perrier citron et
jus de tomate frais. L’intermède détendit l’atmosphère
et Évelyne retrouva le sourire en sirotant sa boisson favorite.
— Tout de même, c’est incroyable ce service, remarqua
Gabriel, on a l’impression qu’ils lisent nos pensées. Un instant,
j’ai pensé qu’il y avait des micros et des caméras partout.
— C’est vrai, renchérit Évelyne, en y
repensant… l’accueil, la télécommande, mon mal de dos et
maintenant les boissons… c’est très curieux.
Le soleil commençait à peine à
décliner vers l’horizon quand ils reprirent le chemin de l’hôtel.
Les interrogations repoussées à plus tard, ils se sentaient
d’humeur tendre et avaient hâte de retrouver l’intimité du
bungalow. Malgré tout, Gabriel jeta un regard circulaire dans la
chambre avant de serrer l’élue de son cœur dans ses bras ; pas
de caméra en vue !
A l’heure du dîner, la température restait
encore très agréable et le jeune couple gagna la salle du
restaurant vêtu aussi légèrement que le midi. Les
autres clients de l’hôtel étaient déjà installés
devant leur assiette. Gabriel se dirigea résolument vers la table
la plus éloignée de celle du vieux moustachu. Excepté
la femme blonde qui leur adressa un sourire, les autres ne daignèrent
pas lever les yeux vers les nouveaux arrivants.
Était-ce dû au climat ? Ils se sentaient
plein d’une vitalité propice aux jeux amoureux. Les yeux dans les
yeux, ils choisirent d’ignorer leurs voisins. Ils ne virent pas les sourires
entendus que la serveuse Malika échangeait avec sa mère
et à peine entendirent-ils les remarques du grincheux à
propos de leur air lubrique et niais.
A la fin du repas, les autres convives étant
repartis, la femme blonde s’approcha d’eux et s’assit à leur table
sans façon.
— Bonsoir vous deux. Je m’appelle Lucie. Il faut que je vous
dise quelque chose, déclara-t-elle.
Vous avez sans doute remarqué des choses bizarres ici ; des
gens que vous entendez sans pour autant les voir parler ! Et la famille
Katouly au courant de vos moindres désirs.
— Oui, en effet, répondirent en cœur, Évelyne
et Gabriel.
— Vous êtes adorables ! Je ne vais pas laisser les autres
se moquer de vous plus longtemps.
Voilà ! Sur cette île on trouve des baies sauvages aux
propriétés très particulières. Elles ont l’apparence
de petits grains de raisin noir très parfumé, mais si vous
en consommez, en grain ou en jus… comment dire ? vous communiquez par
la pensée. Ceux qui en prennent n’ont plus besoin de parler, il
leur suffit de penser clairement pour qu’on les ‘entende’. Vous en avez
sûrement croqué dans la corbeille de fruits dans votre bungalow,
sans parler du cocktail de bienvenue.
Gabriel et Évelyne étaient sans voix.
C’était donc cela ! Et réalisant la portée de cette
révélation, ils rougirent en pensant que tout l’hôtel
avait quasiment assisté à leurs ébats de tout à
l’heure !
— A première vue, cela peut paraître sympathique,
poursuivit Lucie, mais alors, plus de secret, plus d’intimité
ou d’isolement possible. Moi qui rêvais d’un monde sans mensonge,
j’ai vite découvert que cela rendait la vie intolérable.
Pourtant, les habitants de l’île, eux, s’y sont habitués.
Ils apprécient le côté énergétique et
aphrodisiaque de ce fruit et ils acceptent d’entendre ce qu’habituellement
on ne dit pas. Les « il a une sale tête aujourd’hui »,
ou « pourvu que cette idiote ne m’invite pas encore chez elle »,
ou encore « si seulement un serpent pouvait le mordre ».
Certains ont aussi appris à maîtriser leurs pensées
et arrivent à contrôler les communications dans les moments
importants.
— Cela ne semble pas systématique, observa Gabriel,
nous ne nous entendons pas quand nous sommes ensemble, tout près
l’un de l’autre.
— Et pourquoi n’entendons nous pas les Katouly ? demanda
Évelyne, est-ce parce qu’ils ne mangent pas de ces raisins
noirs ?
— Si, ils doivent en manger pour entendre. C’est à cause
du bonnet, une coiffure un peu spéciale comme celle-ci, répondit
Lucie en leur tendant la sienne.
Évelyne examina le bonnet ; effectivement, il
était lourd et on voyait nettement les fils métalliques.
— Quand vous portez ce bonnet, repris Lucie, vos pensées
ne s’échappent plus. Personne ne vous entend penser. Les Katouly
préfèrent bien sûr, ne pas dévoiler tous leurs
petits secrets à leurs clients.
— Où avez-vous trouvé le vôtre ? s’enquit
Évelyne.
— A Lytou, à la boutique du village, répondit
Lucie, mais je vous préviens, ils le vendent très cher.
Je me demande si cet achat vaut la peine pour un court séjour.
— Mais, nous ne pouvons pas rester comme ça, s’écria
Évelyne, c’est… impossible !
Elle ressentait cela comme une intrusion intolérable
dans sa vie privée. Ses pensées les plus intimes propagées
à tous vents, elle avait l’horrible sentiment d’être exhibée
en place publique, nue !
— Je commence à comprendre pourquoi on trouve si peu
de touristes sur cette île paradisiaque, marmonna Gabriel,
il y a de quoi faire fuir les honnêtes gens les plus sincères.
Personne ne s’est précipité pour nous prévenir quand
nous avons réservé !
— Laissez-moi vous donner un conseil, jeunes tourtereaux. Quand
vous voudrez plus d’intimité, éloignez-vous de l’hôtel,
il y a de jolies petites criques dans la côte rocheuses et il n’y
vient jamais personne. A cette distance, peu de chance que l’on vous entende.
Et puis, relax ! Faites comme Georges qui se fiche complètement
d’être entendu ou non.
Après avoir un instant songé à
écourter leurs vacances, Évelyne et Gabriel en prirent leur
parti et s’accommodèrent de la situation. Ils repérèrent
vite un joli coin de sable blanc, une sorte de petite crique coincée
entre de gros rochers. L’endroit cumulait l’avantage de les cacher au
reste de l’île et d’être suffisamment loin pour que leurs
pensées ne soient plus captées. Ils y passèrent de
longues heures, alternant soleil et ombre, sable et eau, jeux amoureux
et repos, et revenant vers l’hôtel de plus en plus tard. Bien sûr,
le fait de désirer une boisson fraîche ne provoquait plus
l’apparition de Malika avec son plateau, mais bah ! il faut savoir ce
que l’on veut.
Si les Katouly n’apprécièrent pas cette
mise à l’écart, ils n’en laissèrent rien deviner.
Toujours aussi souriants et attentifs, ils semblaient apprécier
le côté plus civil d’Évelyne et de Gabriel, comparé
aux autres clients de l’hôtel.
Vers la fin de leur séjour, ils avaient développé
une certaine maîtrise de la communication cérébrale.
Parfois, Gabriel réussissait à bloquer toute pensée
— pas si facile que cela — tout en observant les réactions
de son entourage. Évelyne avait choisi de rendre la monnaie de
sa pièce à ce Georges si ‘gentil’ avec elle et ne se privait
pas de pensées désobligeantes envers les petits vieux moustachus,
laids et désagréables.
Au final, ce furent d’excellentes vacances. Ils avaient
fait le plein d’énergie, le climat et surtout les petits raisins
noirs y étaient sans doute pour beaucoup.
Malgré tout, de retour en ville, ils trichèrent
un peu sur le lieu exact de leur séjour. Ils voulaient à
tout prix, éviter d’avoir à côtoyer des tas d’amis
ou de connaissances lors de leur prochain séjour à Lytou.
PH
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